Format :
35 mm, Vimeo, Fichier numérique, Bluray, DCP, HDCAM
Versions disponibles :
VFR, VENG
FESTIVALS
PRIXDUPUBLICDOCUMENTAIRE PRIXDUFILMFRANÇAIS
EntreVues (Belfort, France – 2007)
PRIXDUFESTIVAL
Festival Images de la Justice (Rennes, France – 2008)
PRIXDOCSLYCEENS
Festival International de Films de Femmes (Créteil, France - 2008)
Des femmes qui attendent, qui se font belles, qui se remontent le moral, qui craquent parfois espèrent toujours.
Dans la petite maison de l’association Ti-Tomm, accolée au mur de la prison des hommes à Rennes, on attend l’heure du parloir. Les familles arrivent à l’avance, toujours. Quelques secondes de retard, et la porte de la prison restera fermée.
On vient une, deux, trois fois par semaine, chaque semaine, pendant des mois voire des années. Ce sont majoritairement des femmes ; ces pénélopes des temps modernes vivent au rythme de leur homme à l’ombre.
Le temps est suspendu, la vie comme arrêtée. L’arbitraire de la prison, les transferts, les interdits sont leur quotidien. En faisant le choix de rester résolument « à côté » de la prison - du côté des familles - le film propose paradoxalement une approche éminemment frontale de ce qu’est la réalité carcérale.
La prison en creux. La vie sans l’autre. Mais sûrement pas à côté de la vie.
Note de la réalisatrice
En 2003, je rencontrais Anna Zisman à une terrasse de café grâce à Françoise Bernard la monteuse de mes films. Elle portait un désir de film sur les lieux d’accueil à côté des prisons. Un film semblait possible. Je ne savais pas grand-chose de ces familles et j’avais une forte envie de rencontrer ces « invisibles ». J’ai aimé cette idée de lieu unique, symbole à la fois de la parenthèse et de l’enfermement.
Nous avons circulé en France à la recherche du lieu idéal. Nous sommes allées dans les lieux d’accueil des familles de détenus des centres pénitentiaires de Nice, Avignon, Marseille, Aix, Lyon, Fresnes… Au fur et à mesure, le projet s’est affiné et nous avons imaginé un premier film. Finalement, je me suis installée pas trop loin de chez moi, en région parisienne, au centre d’accueil de la prison de Fresnes. Là, dans une minuscule pièce, je me suis assise avec les familles, revenant semaine après semaine, écoutant ces femmes, découvrant un univers dont je ne savais rien ou presque. Je me souviens de cette femme âgée, un peu forte, humiliée. On lui demandait de retirer son soutien gorge dont les armatures faisaient sonner le portique. J’ai oublié si elle l’avait ôté ou si elle avait renoncé à voir son fils ce jour-là. Une autre fois, les boutons dorés d’une jupe avaient sonné…
Après une bonne quarantaine de déplacements, une constatation s’est imposée : le film à faire offrait de façon évidente au-delà de ce que nous avions imaginé, un niveau supplémentaire de perception du milieu carcéral, lequel s’imposait avec force. Autant que le vécu des familles, ce film allait raconter la prison, son arbitraire, ses interdits. En creux, mais avec évidence et d’autant plus de violence.
Je me souviens aussi de cette femme qui prenait l’avion de Marseille quand ses finances le lui permettaient, de cette autre qui venait de Lyon avec ses enfants, train, métro, bus, plus de six heures de transport porte à porte pour 30 minutes de parloir. C’est ainsi que sont imposées les séquences photographiques travaillées avec Grégoire Korganow. Il fallait montrer ces trajets, la vie qui en dehors des parloirs continuait, comme suspendue. Et la photographie le permettrait. C’est aussi à ce moment-là que nous avons commencé à parler son et musique avec Patrick Genet et Hervé Birolini. Il fallait un travail sonore – musique et sons du réel confondus - qui se construise sur l’intime et qui à sa façon raconte la bulle. Il fallait tout au long du film restituer cette temporalité très particulière.
A Fresnes, l’association de bénévoles avaient accepté le tournage de ce film. Les femmes et les quelques pères ou fils, les uns après les autres, au fil des semaines en acceptaient l’idée, s’en emparaient. Les « invisibles » voulaient la parole.
Mais après cinq mois de présence dans les lieux, sur deux années, quinze jours avant de commencer le tournage, l’administration pénitentiaire, propriétaire des murs du centre d’accueil, prétextait le niveau rouge du plan vigipirate pour nous interdire le tournage.
Curieusement cette interdiction arbitraire, en repoussant le tournage, nous a permis de déposer un dossier d’avance sur recettes avant réalisation auprès du CNC que le film a obtenu en mars 2006.
Notre seule issue était alors de trouver un des rares centres d’accueil indépendants de l’administration pénitentiaire. Après de nouvelles semaines de recherches, j’ai rencontré l’équipe de l’association Ti-tomm qui accueille les familles dans une petite maison conviviale à côté de la maison d’arrêt des hommes de Rennes. Je m’y suis installée au printemps 2006. J’ai regretté un temps « Fresnes la dure » pour m’apercevoir que ce lieu, beaucoup plus cinématographique avec plusieurs espaces, permettait aux bénévoles et aux familles une parole beaucoup plus profonde, plus intime.
Pendant près de dix mois, je suis allée une à deux fois par semaine dans le centre d’accueil dès 8 heures le matin. J’ai fait la connaissance de Séverine, Claire, Pierre... Et quand, entre deux parloirs, le centre se vidait pour une quinzaine de minutes, j’écoutais les bénévoles.
Au fil des semaines, doucement, la confiance s’est installée. Dans cette petite maison, les femmes restent plus longtemps. Elles partagent leurs difficultés, leurs enfants jouent dans le jardin ; nous parlons autour d’un café ou d’un repas partagé sur une des tables du centre d’accueil. J‘aurais pu être l’une de ces femmes ; j’ai imaginé mon enfant, ou mon mari ou mon père en prison. J’ai su leur angoisse « de ne pas savoir », leur terreur face au suicide toujours possible, à la bagarre qui a mal tourné. J’ai su leurs nuits blanches. J’ai vu leurs problèmes financiers, la complexité juridique, la peur du lendemain, la solitude, la honte…L’amour aussi.
A chacune de leurs histoires, je me demandais ce que je ferais moi à leur place.
Sans jamais avoir la réponse…
J’ai travaillé près de quatre ans sur mon film. J’ai rencontré probablement deux cents familles. Jamais ou presque, elles ne remettaient en cause l’emprisonnement de l’être aimé. Mais elles posaient toujours les mêmes questions :
Pourquoi je ne peux jamais rien savoir ? Pourquoi la première fois que je viens le voir en prison sans en connaître les règles, le linge m’est-il jeté au visage parce que « non réglementaire » ? Pourquoi je ne peux pas lui apporter de livres ? Pourquoi la nourriture doit-elle entrer en cachette ? Pourquoi les détenus doivent-ils tout « cantiner » à des prix prohibitifs ? Pourquoi on ne me prévient pas s’il est transféré ? Pourquoi n’est-il pas informé si je loupe un parloir que c’était juste pour une minute de retard ? Pourquoi le cahier d’école de ma fille peut-il « entrer » à Rennes et pas à Fresnes pour être signé par son père ?
Et moi, je me demande :
Pourquoi les femmes sont-elles capables d’un tel amour ? Pourquoi la peine s’étend-elle aux familles, pourtant le plus souvent unique lien du détenu avec l’extérieur, unique chance de retourner à la vie normale, unique espoir de réinsertion. Pourquoi ?
Stéphane Mercurio
Presse
Ces femmes deviennent toutes des héroïnes de Maupassant. C’est sublime...
Le Masque et la Plume - France Inter
De grâce, courrez-vite voir A côté !
On aura tout vu - France Inter
Un documentaire exceptionnel qui apporte un regard nouveau sur les enjeux des politiques carcérales.
L’Humanité Dimanche
L’implication des épouses ou des mères de prisonniers pour défendre le documentaire montre le lien de confiance qui s’est noué avec ces femmes de Rennes. Elles savent gré à ce film d’une justesse bouleversante de s’être tenu à côté d’elles.
La Croix
La réalisatrice filme avec un tact sans défaut ces femmes enfermées dehors.
Cahiers du cinéma
Un film salutaire en cette période où la France semble prendre conscience de son désastre carcéral.
Libération
Ça rigole et ça pleure. Sans jamais y pénétrer, tout est dit de la taule.
Le Canard Enchaîné
On ressort de la salle de projection bouleversé par tant de courage et révolté par cette volonté cruelle de faire disparaître l’humain.
À voir à lire
Le mariage parfait entre la force du cinéma et la puissance du réel.
Studio Magazine
Il y a des films qui donnent l’impression d’avoir trouvé l’équation exacte entre leur sujet et leur forme, et atteignent par là une forme de « grâce »...
Dissidenz
Vous verrez ce que c’est que l’amour !
Salles de cinéma Utopia
Stéphane Mercurio sur France 3 pour la sortie du film A COTE