Une expérience de quelques années seulement, qui n’a pas fait école, aujourd’hui presque oubliée, peut cependant laisser dans la mémoire de tous ceux qui y ont participé le souvenir d’heures exceptionnelles passées ensemble. C’est qu’en effet nous n’aurions jamais dû nous rencontrer, encore moins travailler ensemble. Ça ne se faisait pas, ça ne se fait toujours pas, ou si rarement. De quoi je vous parle ? D’une utopie. De quelques dizaines d’ouvriers des usines Rhodiaceta de Besançon et Peugeot de Sochaux d’un côté, d’une poignée de cinéastes, réalisateurs et techniciens, de l’autre, qui ont décidé à cette époque-là qui n’est justement pas n’importe laquelle, de consacrer du temps, de la réflexion et du travail, à faire des films ensemble. C’est dans l’avant et l’après mai 68 que s’est déroulée l’histoire des groupes Medvedkine et c’est en 1967 à Besançon qu’elle est née, à partir de la très longue et dure grève de la Rhodiaceta, branche textile du groupe Rhône-Poulenc. Les animations pendant la grève et les revendications culturelles qui l’accompagnaient ont surpris mais tout cela venait de loin et il faut remonter dix ans plus tôt. En 1956, Pol Cèbe se fait embaucher par la Rhodia, devient militant ouvrier et s’occupe de la bibliothèque du comité d’entreprise. Il s’installe à Palente-les-Orchamps, un quartier neuf mais isolé, et participe activement à la vie de ce quartier avec les catholiques de gauche du M.L.P.(mouvement de libération du peuple) et des communistes. Il y rencontre les familles Berchoud, Roland...